Bien le bonjour,
A la demande générale et sous la pression populaire…je reviens pour vous divertir avec mes quelques lignes d’état-d’âme ! Ô joie ! Nous voilà sauvé-es ! Youpiiii ! Vive la République, Vive la France ! …
Bon, en vrai personne n’a rien demandé mais je reviens quand même. 😀
Pour écrire il faut avoir des choses à dire. Il faut vivre des choses ou tout du moins il faut penser à des choses. Depuis une semaine maintenant j’ai eu le temps d’en vivre des aventures. Alors, elles sont peut-être moins spectaculaires que dans le passé mais elles sont là. Elles sont différentes, inédites, enthousiasmantes, désespérantes aussi parfois.
Par exemple ce matin je me suis enfin décidée à entamer un grand ménage dans l’appart. Il fait beau, c’est cool, c’est l’occasion. J’attaque pleine de bonne volonté, musique à fond, corps qui danse, voix qui chante (qui yaourte pour être précise). Tout-va-bien ! Et puis ?! Ba comme souvent une maladresse apparaît… Aspi en main, je tape dans la fenêtre, qui tape dans la plante, qui chute de son socle en faisant un salto et qui s’étale de toute sa terre sur le carrelage… … Alors, deux réactions à ça… 1/ …Soupir… Je m’auto-saoule. Je me fatigue à faire ce genre de connerie. Limite j’aurai bien tout arrêté là en me disant que le ménage est une chose trop dangereuse. Et puis … Réaction 2/ Il aurait fallu que je la rempote prochainement cette plante de toute façon donc bon, j’ai une activité pour cette après-midi, c’est un mal pour un bien…
Relativiser, positiver. C’est une chose que j’ai apprise pendant ce séjour de 6 mois et visiblement il m’en reste un petit quelque chose. J’en avais déjà parlé mais m’énerver est un luxe que je ne me permets pas. Je n’ai pas l’énergie pour ça. Alors assez naturellement je trouve le pendant positif de chaque situation galère. « Ah ouai ?! Et le pendant positif du confinement et du Cororo c’est quoi grosse maligne ?! »... Arf, je m’attendais à cette réflexion… Alors, des éléments positifs à mon échelle j’en trouve plein. – Ma voisine et son fils avec qui je prends le temps de discuter chaque jour. 2 ans qu’on habite à côté sans se connaître. Et vous savez quoi, chose merveilleuse, ce sont des gens bien ! – Mes ami-es ex-collègues de Paris avec qui j’ai fait un appel visio hier soir. Des années qu’on n’a pas pris le temps de discuté toutes ensemble, en même temps. C’était un moment merveilleux (puis douloureux mais ça j’en parlerai sans doute plus tard). – Mes neveu et nièce avec qui j’ai fait une bataille navale en appel visio hier aussi. Simple mais chouette ! – Ce roman que j’ai terminé, enfin. – Ces podcasts que j’écoute toute la journée. – Ce projet de potager auquel je réfléchis… Etc, etc. La liste est non exhaustive.
Donc oui à mon niveau je trouve des pendants positifs à cette crise. Au-delà, bon, c’est plus compliqué. J’en parle forcément avec les ami-es mais j’ai du mal à imaginer la suite. Dans la vraie vie je n’arrive déjà pas à me projeter à plus d’un mois alors là vous vous doutez bien qu’envisager l’après fin du monde c’est impossible. Il y a les versions optimistes (utopistes ?!), les versions alarmistes (réalistes ?!), les versions improbables (créatives?!). J’écoute, je prends, je trie, j’essaie de me construire un avis mais franchement là je n’y arrive pas. Aucune idée de ce qui va se passer. Je rêve que l’intelligence collective prenne le dessus, qu’on construise quelque chose de nouveau, d’égalitaire, de juste (ENFIN!). Je nous en crois capable. Alors forcément faudra se sortir les doigts, ne pas attendre que ça vienne d’en haut, dire non, proposer, créer. Est-ce qu’on en sera capable? Est-ce qu’on en aura envie ? Est-ce qu’on ne va pas retomber dans le confort d’avant. Confort pour qui ? Est-ce que j’aurai toujours mon travail dans quelques semaines ? Pas sûre. ça c’est pas grave, ça ne m’inquiète franchement pas. Par contre, quid de mes deux petits patrons pour qui cette boutique représente l’investissement d’une vie ?! Comment vont-ils se relever de tout ça ?! Aucune idée. Je n’ose imaginer l’angoisse de toutes celles et ceux pour qui l’avenir est incertain. J’en discutais avec une amie hier. Elle me disait imaginons que tout se casse la gueule et qu’on se retrouve toutes et tous à chercher du boulot. Qui prendra les premiers postes, les postes les plus valorisés et valorisants ? Nous, les gens qui avons fait des études, les gens qui déjà aujourd’hui sont privilégiés. Est-ce qu’on va dire « Ah non, pardon, je ne vais pas prendre ce poste je vais le laisser à cette dame qui en a plus besoin de moi ». Ba non. On ne fera pas ça. Parce que c’est comme ça. On pense à nous d’abord, à nos intérêts, à notre vie, l’avenir de nos enfants, notre confort… Et celles et ceux qui sont en bas y resteront. …Arf… Oui sans doute, probablement, je sais pas. C’est moche, c’est dur, c’est ça la vie ?! C’est ça qu’on veut pour la suite?! Chacun-e pour soi ?! Je ne sais pas.
Peut-être qu’il y a mieux à imaginer. Il y en a sans doute un gus, une nana quelque part qui a déjà pensé à tout ça et qui a mieux à proposer. C’est le moment là les gars, sortez les idées. Allez ! On écoute ! Je n’ai pas de réponse et essayer d’en avoir n’est pour le moment que source d’inquiétude. C’est tellement nébuleux que je trouve cela anxiogène. Alors égoïstement pour le moment je me contente de mes micro-aventures de confinement. Je me réjouis de ce que je peux.
Hier par exemple, (grosse journée hier!), j’ai fait des madeleines et je me suis filmée pendant toute la recette. J’envoyais les vidéos au Gang, groupe Whatsapp de boudins (ne cherchez pas à comprendre, il faudrait une encyclopédie entière pour décrire ce groupe de nanas). C’était pas grand chose mais on a ri. J’ai adoré faire l’andouille pour elles, pour les distraire, les sortir de leurs peurs, de leur quotidien. Et mine de rien faire ce sketch m’a fatiguée. J’étais ko le soir. Pas si simple je pense, pour le corps de passer de journées assez actives à bouger, marcher, parler, à des journées relativement posées où le chemin le plus fréquent est entre le canapé et les toilettes, et enchaîner ensuite avec une journée où les activités se multiplient. Je n’ai pas couru un marathon mais j’ai parlé beaucoup, fait l’imbécile, texté énormément et ça m’a pris de l’énergie. J’ai donc bien dormi !
Note : — J’écris avec légèreté mais je n’oublie pas de penser à celles et ceux pour qui c’est beaucoup moins rigolo. Pas de malade dans les proches proches pour le moment. Cela semble donc encore abstrait. Je rigolerai sans doute moins le jour où j’aurai à me soucier de quelqu’un-e en réanimation. Je ne voudrai pas qu’on m’imagine en train de kiffer et m’éclater chez moi en ce moment pendant que certain-es sont dans la douleur la plus extrême. Ce n’est pas le cas. Je ne m’éclate pas. Je n’aime pas être bloquée à la maison. Je déteste être loin des miens. J’exergue de ne pouvoir embrasser qui je veux. C’est dur, comme pour vous j’imagine. Enfin non j’imagine pas je sais. Je sais parce qu’on se parle, on s’écrit et chaque jour chacun-e passe par un lot d’émotions qu’il n’est pas forcément aisé d’apprivoiser. Certain-es demandent de l’aide, du soutien. Je le donne volontiers. Je transmets autant d’énergie qu’il faut (tet pour ça que je suis fatiguée d’ailleurs). Je fais au mieux. Je sais que moi aussi, peut-être demain, après-demain, je serai dans le dur. Et je sais que vous serez là. C’est réconfortant.
Et j’aurai toujours mon clavier sur lequel tapoter. Je me suis dit que j’allais peut-être relire l’ensemble de ce site. C’est un roman comme un autre finalement… Il y a beaucoup de choses que j’ai oubliées donc je pense que ça peut être fun de les revivre… 4 ans après!!! 4 ans …bordel ! Un siècle ! Une autre vie. Un autre monde…
Si cela vous dit de replonger avec moi…Feel free ! Dédicade à C. nouvelle arrivante dans cette aventure. Bonne lecture !
Sur ce, on se dit à bientôt ! Je vais aller vivre quelques trucs et puis je reviens vous les raconter.
Prenez soin de vous.
Bises